samedi 13 avril 2013

Portrait craché


-         Qu’est ce qu’il ressemble à son père, s’exclame la mère.
-         Tu as raison, dis donc. Incroyable comme il lui ressemble, c’est exactement le même, rajoute la mère de la mère.
La jeune maman sourit. Plus encore, c’est son visage qui s’ouvre comme une noix de coco tant son sourire se fend lui-même d’un sourire. 
Ca doit lui faire sacrément plaisir que je ressemble à son mari. Elle prend cela pour un compliment génétique, fière qu’elle est de son terreau photocopieur.
In utero versus out utero, je suis le plus beau. 
J’ai entendu dire que qui se ressemble s’assemble. Il semble donc que je sois promis à n’être que la pièce faite main d’un puzzle sexuel. Je ne suis pourtant qu’un Rubik’s Cube organique dont les faces sont reconstitués par un arc-en-ciel clandestin n’ayant aucun lien de parenté avec mes père et mère.
Évidemment, si j’étais conscient de tout cela, ça m’arrangerait. Si je savais déjà que je devrais attendre la crise du gris pour contrecarrer les plans d’une vie qu’on a tellement tristement rendu ordinaire.
Mais voilà, quand on a quatre ans, on ne sait pas ces choses là, on se doit de les ignorer.
Si seulement je savais parler la vérité.
Si seulement ils arrêtaient de ne pas m’écouter.
Pleurer.

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