La
porte est entrouverte.
J’entends le tintement de la brosse à dents que tu poses
dans le verre en métal. Le bruit de tes pas nus sur le parquet me rappelle le
couinement d’une taupe prise au piège. Ton doigt appuie sur l’interrupteur. La
lumière du bureau s’éteint. Je rouvre les mirettes, sort ma tête de sous
l’oreiller. Tes yeux entrent dans la chambre. Ils brillent comme deux émeraudes
jalouses de leurs propres puretés. Elles mettent le paquet pour rattraper le
désir qui m’envahit. C’est peine perdue, je préfère l’écrin de ton visage. Tes
seins me pointent du doigt. Ils m’indiquent la direction à prendre pour les
caresser dans le sens du poil. Nu comme un ver Adam, mon serpent se mue en
dragon croqueur de pommes. Effluve de femme, Eve en taille de guêpe, tu es
pom-pom girl. Tu ne peux pas être plus nue que tu ne l’es. Je m’en félicite et
ton sourire vient se blottir contre mon épaule. Tes cheveux sur ma joue, ta
main sur mon saint, ma main sur tes hanches, ta jambe sous ma langue, ton sexe
a le goût de secte. Je suis prêt à renoncer à mon athéisme, prêt à retourner au
catéchisme, prêt à m’agenouiller pour te prier de ne pas arrêter. Les vitraux
de Notre Dame ont moins de couleurs que nos cris. Ils rendent aux voisins la
monnaie de nos pièces contiguës. Le cliquetis du tiroir
« qu’est-ce ? » couvrent nos respirations de marathoniens à
l’arrivée des jeux olympiques.
On
s’endort.
Siamois.
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