Ah, Oreille Absolue des Six
Cordes, j’ai toujours mieux compris une guitare électrique qu’un cours
d’instruction civique. Je Vous le concède, ce n’est pas franchement un exploit.
Dans un monde qui ne se la jouerait pas, ça serait même un signe de bonne
santé. Comme moi, Vous savez qu’un solo de guitare est une pierre angulaire, qu’il
est le réquisitoire du procureur pour la loi du silence et la défense d’un
avocat qui a saisi l’indicible des mots, un tsunami de vibrations qui tient
plus de promesses que tous les meetings électoraux. L’adolescence ne s’y trompe
pas. Elle sait décoder les notes mieux que tout autre son articulé, pour peu
qu’on ne la contraigne pas à n’en écouter que deux sur les sept. Vous merci, je
n’ai jamais rencontré ce souci. Que j’aime cette langue sans mots, sans ces
étiquettes que le cerveau collent sur ce que les cinq sens perçoivent. Avec la
musique, il est submergé par les stimuli de chaque capteur de l’épiderme. Et ça
en fait, de la surface qui se trémousse. En rupture de stocks d’étiquettes, le
cerveau se met en chômage technique. Il n’a plus qu’à se détendre et laisser
faire le courant, il baigne dans une eau purifiée qui contient l’air, la terre
et le feu. Un jacuzzi Hi Fi.